1976 - Monique Proulx "L'une des femmes les "plus vites" au monde. En 1909, au cours de la classique Paris/Madrid, la Comtesse
Camille Dughast, au volant d'une magnifique Mercedes Benz, portant "goggles"
et autre équipement à faire rougir d'envie les vedettes des meilleures
comédiens à grand déploiement du cinéma américain genre "Those Mad Men
and Their Flying Machines", s'arrête soudain au beau milieu de la course
pour porter secours à un pilote blessé. Ce genre de compassion de la Comtesse fut attribué à l'époque à
sa faiblesse de caractère et l'on en conclut que de toute évidence, le sport
sanglant de la course automobile ne serait jamais ouvert aux femmes et que
celles-ci ne pourraient jamais y trouver leur place "au volant". Même aujourd'hui, plusieurs personnes sont d'avis qu la course
automobile n'est même pas un sport. Les tenants de cette opinion,
naturellement, n'ont probablement jamais vu une course sur piste et ils
confondent allégrement l'Indianapolis 500" avec l'Autoroute des
Laurentides, un dimanche matin "de bonne heure", au moment où ils
décident d'appuyer sur l'accélérateur, après avoir été dépassés à fond de train
par une auto plus puissante que la leur, qui a eu l'audace de les narguer en faisant
vroum, vroum... LE GUT En fait, et tout le monde devrait le savoir, un coureur a
besoin, en plus d'une machine à la mécaniqe parfaite dont la précision
s'apparente à du grand art, d'une vision à toute épreuve, de reflexes, de
concentration, de force et de "guts". (Traduit de l'anglais, le mot
gut signifie avoir du cran mais employé dans ce contexte-ci, il signifie
avoir le courage de réagir lorsqu'on se retrouve dans une courbe, sur une
piste huileuse, à plus de 100 milles à l'heure, au moment où les roues
commencent à déraper). Sachant celà, il convient de poser cette question des plus
pertinentes est-ce que les femmes peuvent se comporter aussi bien que les
hommes sur une piste de courses automobiles ? Et la réponse vient
d'elle-même: MONIQUE PROULX. TOUTES LES FEMMES. Mais, Monique Proulx n’est pas UNE femme malgré son sourire
envoûtant et ses longs cheveux blonds, malgré sa voix rauque et ses longues
jambes effilées, et malgré sa féminité et sa personnalité attachante. Non,
elle n'est pas une femme, elle est TOUTES les femmes et c'est ainsi qu'elle
veut vivre. "Je veux être la femme que je décide d'être, indépendamment
des étiquettes sociales. Je veux vivre ma vérité en toutes choses et rester
disponible pour m'adapter à chaque circonstance. C'est ainsi qu'un jour j'ai décidé de devenir
coureur-automobile comme jaurais pu devenir explorateur où une autre
femme" dit-elle avec une détermination surprenante. "La course fait
partie de ma philosophie de la vie. C'est une façon de vivre dans laquelle je
trouve ma vérité. Dans mon enfance, j'ai dû surmonter une attaque de poliomyélite
et c'est sans doute à partir de ce moment-là que j'ai décidé...de "décider"
de ma vie en toute circonstance". Elle avait obtenu un brevet d'enseignement spécialisé en
francais et elle avait enseigné plus de trois ans dans une institution de
Ville de Laval. A 21 ans, elle quitte l'enseignement pour entreprendre une
carrière de mannequin. Monique Proulx enregistre plusieurs messages pour la
télévision et la radio et prête son image et sa personnalité à la publicité
imprimée de nombreuses compagnies importantes dont Dupont, Molson, Labatt,
Hydro-Québec, Ford Canada. Elle nous envoie d'ailleurs encore régulièrement de bye bye des
entrepôts de chez Leon's, du haut de son hélicoptère et elle participe à
plusieurs émissions de télévision. Au début, comme coureur-automobile, on refuse de la prendre au sérieux. Lorsqu'elle se présente aux écoles de pilotage, on
croit qu'elle est un mannequin qui a trouvé un bon "stunt"
publicitaire. Elle obtient d'abord sa licence de base en 1969 à l'ACAM et
s'inscrit l'année suivante à l'école de Jim Russel à Mont-Tremblant. Au cours de 1970, elle se classe l'une des meilleures recrues
de Jacques Couture, remporte 3 victoires sur 4 en courses novices et est proclamée
"2ème meilleure recrue" de l'année. LA FÉMINITÉ AVANT TOUT. Sur la piste, rien à faire, elle conserve sa féminité malgré le
cambouis, les gaz d'échappement, l'huile, la chaleur qui colle les cheveux au
front,malgré la fatigue générale qui s'installe après quelques tours de piste
et la nervosité qu'elle doit vaincre lors des classement préliminaires. Toujours, elle se doit de paraître à son avantage même dans ce
costume et ce casque protecteur, un accoutrement un tant soit peu ridicule
pour une femme dont l'image doit projeter celle d'un être comblé par la vie,
pour le bon plaisir de ses commanditaires et celui de ses fans, tout
particulièrement. "Lorsque je stoppe mon véhicule pour une vérification
quelconque, ma première réaction, instinctivement, est de vérifier ma
coiffure. Si j'ai des remarques à faire aux mécaniciens, il va de soi que j'emploie
toujours un langage de femme et c'est la seule façon de se faire respecter. Mes mécaniciens ont toujours accepté les recommandations que je
leur ai faites et ils ont toujours ressenti une certaine fierté de travailler
avec et pour une femme qui pouvait remporter une victoire et qui savait
vaincre des concurrents expérimentés dans des épreuves importantes". L'ÉCURIE MOJAC. "A cette époque, j'avais ma propre écurie de course avec
le Dr.Jacques Fortin, coureur-automobile lui aussi, qui a abandonné plus
tard. L'écurie Mojac a eu l'occasion de participer à des courses sur toutes
les pistes canadiennes. Je pilotais une BMW et une Formule Ford et je courais
le mercredi soir, le samedi après-midi,
le samedi soir, le dimanche après-midi et le dimanche soir. Entre-temps, je participais aussi à plusieurs courses de
STOCK-CAR pour me permettre de défrayer le coût des autres courses puisque
les bourses de STOCK-CAR sont toujours plus importantes que les autres". Monique Proulx remporte donc des victoires successives à
Mont-Tremblant, à Mosport et à Saint-Pierre-de-Wakefield et se classe
avantageusement dans de courses disputée à Debert et à Sainte-Croix, tandis
qu'elle fait sa marque au Sanair International, au Championnat de production,
au Grand Prix de Trois-Rivières, dans les courses sur glace, au Championnat
du Québec, au Trans-Am, à l'INternational Raceway de Seattle et au Grand Prix
de Watkins Glens. La plupart du temps elle est la seule femme à se qualifier à
des courses de cette importance. Ses exploits attirent même l'attention de la
compagnie Kimberly-Clark, manufacturiers des produits Kleenex, qui cherchent
en vain à trouver en Amérique une femme pilote pour promouvoir la vente d'un
nouveau produit qui porte le nom de New Freedom. Monique Proulx pilote donc la "New Freedom" dans
toutes les épreuves majeures de Formule aux États-Unis. La course Trans-Am a
été l'une des épreuves les plus importantes de sa carrière de coureur. Elle a
été la première femme à s'y inscrire et elle a dû se débattre non seulement
en piste mais aussi contre le président du C.A.R.C., John Sambrook, qui
refusait de la laisser prendre le départ. JE SUIS LA ! Il est évident que la plupart des gens prennent d'autres "véhicules"
où d'autres "formules" pour s'exprimer que ceux choisis par Monique
Proulx. "Je vis une vie tout à fait normale mais exceptionnelle. J'assume
un rôle de mère, de père, de soeur et d'amie auprès de mon fils et...j'aime
le monde". En effet, elle aime le monde, Monique Proulx a été nommée
marraine de trois pénitenciers et elle a été élue membre honorable de la 433e
Escadrille tactique de combat des Forces armées canadiennes à Bagotville. Le
prestigieux club B'nai Brith l'a aussi proclamée l'une des "50 femmes
fantatiques du Canada". Elle publiera prochainement un premier roman intitulé "ELLE,
MOI, et L'AUTRE" et enregistera son premier microsillon qui a pour titre
"JE SUIS LA!". ET LES HOMMES. "Les hommes, les hommes...je ne sais pas moi. Un homme, c'est
quelqu'un avec qui je peux grandir pendant un certain temps ou pour toujours.
Voyez-vous, aucune femme ne devrait avoir le droit de demander à un homme de
se sacrifier pour elle et...vice-versa. Beaucoup d'hommes m'ont fascinée au
cours de ma vie et spécialement ceux qui aspirent à la vérité. Tous les coureurs
automobiles sont de cette tremple. Sur la piste, ils ne peuvent ni bluffer ni crâner. Ils doivent aller
"au boutte". J'ai aussi des "stars" dans d'autres
domaines comme la chanson par exemple. J'aime Leclerc, Vigneault et
Charlebois qui à leur façon essaient de se détacher des règles sociales et
qui évoluent d'année en année". "J'ai beaucoup d'amis dont la majorité sont des hommes. J'aime
qu'ils me laissent libre de choisir ce que j'ai envie de faire au moment où
j'ai envie de le faire. Je suis une femme-orchestre. Je suis TOUTES les
femmes...et je tiens à être acceptée comme je suis". De toutes façons, Monique Proulx femme sophistiquées s'il en
est, libérée s'il en faut, intelligente, blonde, rauque, féline et
"succesful" doit sûrement pouvoir se marier un jour,
éventuellement, si elle le désire, avec quelqu'un qui saura être tout
simplement un homme vis-à-vis d'elle. "Si un homme m'attire plus que tout au monde, je le
suivrai", dit-elle. Il ne faudrait pas oublier qu'elle est l'une des
femmes les plus "vites" au monde, pleinement en mesure de "suivre"
qui lui plait. Par: Marc Lessard. Source : Christian ‘Ti-Gaz’ Genest Provenant d’un
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